L'homme perplexe

28Sep/17Off

Le Kurdistan en 2016

La situation ne semble pas s'améliorer au Kurdistan. En 2016, des professionnels des médias, des militants et des responsables politiques qui critiquaient le Parti démocratique du Kurdistan (PDK, au pouvoir) ont été harcelés et menacés ; certains ont été expulsés de la province d’Erbil. Les homicides de journalistes et d’autres détracteurs et opposants présumés des autorités kurdes commis les années précédentes n’avaient toujours pas fait l’objet d’enquêtes. Le 13 août, les proches de Wedad Hussein Ali, un journaliste qui travaillait pour une publication considérée comme favorable au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), ont récupéré son corps. Il présentait des lésions indiquant qu’il avait été torturé, et notamment des lacérations profondes à la tête. Des témoins ont déclaré à la famille de cet homme qu’il avait été retrouvé vivant plus tôt dans la journée dans un village situé à l’ouest de Dohuk, après avoir été enlevé dans la rue sous la menace d’une arme par des hommes non identifiés. Les proches de Wedad Hussein Ali et ses collègues ont affirmé qu’il avait été interrogé précédemment par les asayesh (forces de sécurité) à Dohuk et avait reçu des menaces de mort. Les autorités ont annoncé l’ouverture d’une enquête deux jours après l’homicide de cet homme. Aucun résultat n’avait été rendu public à la fin de l’année. Les asayesh et d’autres forces kurdes ont placé en détention des milliers de personnes soupçonnées d’actes de terrorisme, des hommes et des garçons arabes sunnites pour la plupart. Souvent ces prisonniers étaient présentés très tardivement à une autorité judiciaire, étaient privés des visites de leur famille pendant de longues périodes et subissaient d’autres irrégularités de procédure. En octobre, les autorités du gouvernement régional du Kurdistan ont déclaré que l’Asayesh Ghishti (Direction de la sûreté générale) et la branche de ce service à Erbil avaient arrêté 2 801 personnes soupçonnées d’actes de terrorisme depuis le début de l’année. Bassema Darwish, une femme yézidie qui avait été capturée par l’EI puis arrêtée en octobre 2014 à Zummar après la reprise par les peshmergas de cette ville tenue par le groupe armé, était toujours détenue sans procès à Erbil à la fin de l’année. Elle était accusée de complicité dans le meurtre de trois membres des peshmergas, mais les autorités la privaient du droit de consulter un avocat de son choix. Aucune enquête indépendante n’avait été menée sur les allégations selon lesquelles des responsables de la Direction de la sûreté générale à Dohuk l’avaient torturée après son arrestation. Cette année encore, les tribunaux de la région du Kurdistan ont prononcé des condamnations à mort pour des infractions liées au terrorisme ; aucune exécution n’a eu lieu.

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