L’UDI à la dérive
Dans les mouvements de plaques tectoniques qui ébranlent l’espace politique depuis la disruption macronienne, l’évènement est passé inaperçu, sauf pour les férus d’histoire politique et ceux qui ont encore en mémoire LaRépublique radicale ? (1898-1914) de la regrettée Madeleine Rebérioux. Quoi donc? Mais la réunification de la famille radicale, divisée depuis quelque quarante-cinq ans. Ce sera l’occasion d’évoquer les recompositions actuelles du centre de l’échiquier politique et leur signification dans le contexte actuel… Fondé en 1901, mais remontant à une tradition plus ancienne (jusqu’en 1848 voire avant), le Parti radical est le plus vieux parti de France. On ne reviendra pas ici sur son âge d’or avant 1914, sa place encore dominante dans l’entre-deux-guerres (1919-1939), avec sa participation au Front populaire, ses turbulents Jeunes Turcs et ceux qui leur étaient assimilables (Pierre Cot, Pierre Mendès-France, Jean Zay), mais aussi ses déchirements et sa célèbre guerre «des deux Édouard» (Édouard Daladier, le taureau du Vaucluse, et Édouard Herriot, député-maire de Lyon, ou encore, sous la IVe République, les oppositions virulentes entre Edgar Faure et Pierre Mendès-France — l’un et l’autre n’y appartenant d’ailleurs plus sous la Ve République pour des raisons différentes. Du milieu à la fin des années 1960, les radicaux, encore unis, avaient balancé entre deux lignes. Ce fut d’abord l’union de la gauche qu’avaient concrétisé le soutien à la candidature de François Mitterrand lors de la présidentielle de 1965, puis la participation des radicaux, aux côtés des socialistes SFIO, de la Convention des institutions républicaines et de quelques représentants des clubs. Mais mai 1968 et l’élection qui suivit d’une chambre introuvable à l’écrasante majorité gaulliste poussèrent vers d’autres voies. Mai 1968 fut une rupture. L’Assemblée nationale dissoute, les élections législatives donnèrent une écrasante majorité au pouvoir gaulliste. la FGDS n’y résista pas. Quand, en 1969, de Gaulle démissionna après le «non» au référendum, le Parti radical ne soutint pas la candidature du socialiste Gaston Defferre (5% au premier tour), mais celle du président du Sénat, Alain Poher, champion du centrisme d’opposition. Pompidou fut élu, mais sous la houlette du bouillonnant fondateur de L’Express, Jean-Jacques Servan-Schreiber (dit JJSS), secrétaire général du parti en 1969, puis président de 1971 à 1979 (avec une interruption de deux ans), le Parti radical s’engagea, avec le Centre démocrate de Jean Lecanuet, dans l’aventure du «mouvement réformateur» qui ambitionnait l’émergence d’un centre moderniste, hostile à la fois à l’alliance avec les communistes et au pouvoir gaulliste.
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