Opiacés: un problème qui change de nature
La comparaison avec l’évolution de la situation en Amérique du Nord est également utile pour analyser le problème des opiacés en Europe. L’analyse des données présentées dans ce rapport semble indiquer que, si la situation globale dans l’UE reste différente, il existe tout de même des parallèles. Il ressort des dernières données que la consommation d’héroïne est encore à l’origine, dans la majorité des cas (environ 80 %), des nouvelles demandes de traitement liées aux opiacés en Europe. De plus, la baisse globale des demandes de traitement liées à l’héroïne, qui s’observait depuis 2007, n’est plus flagrante. Il est particulièrement préoccupant de constater que les estimations européennes du nombre de décès par surdose sont en hausse, et ce pour la troisième année consécutive. L’héroïne est impliquée dans nombre de ces décès. L’Amérique du Nord enregistre aussi des taux très élevés de morbidité et de mortalité liés à l’usage détourné d’opiacés délivrés sur ordonnance, à l’augmentation de la consommation d’héroïne et, plus récemment, à l’émergence d’opiacés de synthèse ayant une forte teneur en principe actif, en particulier des dérivés du fentanyl. En Europe, contrairement à l’Amérique du Nord, très rares sont les patients qui demandent à entamer un traitement spécialisé pour une addiction aux analgésiques à base d’opiacés. Ce contraste reflète probablement les différences en matière de cadres réglementaires et d’approches du marketing et de la prescription de ces médicaments qui existent entre l’Europe et l’Amérique du Nord. La possibilité d’une sous-déclaration ne saurait toutefois être écartée, car il se peut que les Européens qui rencontrent des problèmes liés aux médicaments délivrés sur ordonnance soient pris en charge dans des services différents de ceux utilisés par les usagers de drogues illicites. Néanmoins, les médicaments utilisés comme traitements de substitution aux opiacés sont désormais plus souvent impliqués dans les demandes de traitement et dans les problèmes de santé dans plusieurs pays européens. Globalement, les opiacés autres que l’héroïne sont à l’origine d’environ un cinquième de toutes les demandes liées aux opiacés que reçoivent les services de soins spécialisés. Le rôle des opiacés de synthèse, tels que la méthadone, dans les surdoses mortelles est difficile à quantifier au niveau de l’UE, mais ces substances sont désormais l’une des principales causes des décès par surdose dans de nombreux pays, voire la principale cause de ces décès dans quelques-uns. La réduction de l’usage détourné des médicaments, y compris les médicaments utilisés comme traitements de substitution aux opiacés, représente un défi de plus en plus important pour de nombreux prestataires de soins de santé en Europe. Un grand nombre de données scientifiquement validées plaident en faveur d’un usage adapté des médicaments de substitution aux opiacés, dont il a été démontré qu’ils réduisent la morbidité, la mortalité et la délinquance chez ceux qui en sont bénéficiaires. En conclusion, si l’on veut exploiter pleinement le potentiel évident que ces traitements présentent pour la santé, il importe de suivre de bonnes pratiques cliniques ainsi que de comprendre comment les opiacés délivrés sur ordonnance sont détournés de leur usage légitime et comment réduire cet usage détourné.
Florence à l’heure du gaming
Enfant, j'adorais les jeux vidéo. On peut même dire que j'en étais dingue. Comme pas mal d'enfants de mon époque, j'ai eu une Master System, et passé mes soirées sur Alex Kidd (vous vous souvenez de ce personnage qui avait un poing aussi gros que l'ensemble de son corps ? ^^). Pendant longtemps, j'ai entretenu cet amour vidéoludique : j'ai eu la Saturn, puis la PS1. Puis j'ai trouvé un boulot, j'ai eu des gamins, et tout ça m'est passé. Mais la semaine dernière, j'ai eu l'occasion de redécouvrir cet univers le temps d'une soirée. J'ai en effet suivi un incentive à Florence où l'on m'a proposé de participer à une animation assez inhabituelle : un championnat de jeux vidéo entre collègues. Et je peux vous dire ceci : nous avons eu droit à pas mal d'animations pendant ce voyage, mais c'est indubitablement celle-là que j'ai le plus apprécié, tout comme bon nombre de mes collègues. Je dois dire que, au-delà du fun de cette soirée, j'ai été assez impressionné par le bouleversement technique qui s'est produit en quelques années dans ce domaine. Quelle claque je me suis pris ! Avec les jeux actuels, on a pour ainsi dire le sentiment de regarder un film, tant le décor est réaliste. C'est carrément ahurissant. A certains moments, l'on ne perçoit plus la moindre différence avec un film. Les visages des personnages semblent sortir tout droit de la réalité. Alex Kidd semble bien loin... Mais le réalisme n'est qu'un aspect de ce qui m'a marqué. J'ai surtout été abasourdi en découvrant la frénésie des jeux d'aujourd'hui. Tout va à 300km à l'heure, on n'a jamais une seconde pour se reposer. D'autant que les jeux ne sont plus sol : l'on n'a plus uniquement affaire à des IA qui buguent à tout-va, mais à d'autres joueurs qui savent faire preuve de créativité pour vous avoir. Alors ça bouge en permanence, et la moindre distraction suffit à vous faire perdre. Mais quel fun, au final. J'ai eu l'impression de redevenir gosse tout au long de cette soirée. Et je ne suis apparemment pas le seul : mes collègues en parlent encore ! Au fait, je vous invite à consulter le site de l'agence qui a arrangé cet incentive, si vous voulez vous faire votre propre opinion sur le sujet. Je vous laisse le lien vers le site spécialiste de l'organisation d' incentive à Florence.
Le Kurdistan en 2016
La situation ne semble pas s'améliorer au Kurdistan. En 2016, des professionnels des médias, des militants et des responsables politiques qui critiquaient le Parti démocratique du Kurdistan (PDK, au pouvoir) ont été harcelés et menacés ; certains ont été expulsés de la province d’Erbil. Les homicides de journalistes et d’autres détracteurs et opposants présumés des autorités kurdes commis les années précédentes n’avaient toujours pas fait l’objet d’enquêtes. Le 13 août, les proches de Wedad Hussein Ali, un journaliste qui travaillait pour une publication considérée comme favorable au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), ont récupéré son corps. Il présentait des lésions indiquant qu’il avait été torturé, et notamment des lacérations profondes à la tête. Des témoins ont déclaré à la famille de cet homme qu’il avait été retrouvé vivant plus tôt dans la journée dans un village situé à l’ouest de Dohuk, après avoir été enlevé dans la rue sous la menace d’une arme par des hommes non identifiés. Les proches de Wedad Hussein Ali et ses collègues ont affirmé qu’il avait été interrogé précédemment par les asayesh (forces de sécurité) à Dohuk et avait reçu des menaces de mort. Les autorités ont annoncé l’ouverture d’une enquête deux jours après l’homicide de cet homme. Aucun résultat n’avait été rendu public à la fin de l’année. Les asayesh et d’autres forces kurdes ont placé en détention des milliers de personnes soupçonnées d’actes de terrorisme, des hommes et des garçons arabes sunnites pour la plupart. Souvent ces prisonniers étaient présentés très tardivement à une autorité judiciaire, étaient privés des visites de leur famille pendant de longues périodes et subissaient d’autres irrégularités de procédure. En octobre, les autorités du gouvernement régional du Kurdistan ont déclaré que l’Asayesh Ghishti (Direction de la sûreté générale) et la branche de ce service à Erbil avaient arrêté 2 801 personnes soupçonnées d’actes de terrorisme depuis le début de l’année. Bassema Darwish, une femme yézidie qui avait été capturée par l’EI puis arrêtée en octobre 2014 à Zummar après la reprise par les peshmergas de cette ville tenue par le groupe armé, était toujours détenue sans procès à Erbil à la fin de l’année. Elle était accusée de complicité dans le meurtre de trois membres des peshmergas, mais les autorités la privaient du droit de consulter un avocat de son choix. Aucune enquête indépendante n’avait été menée sur les allégations selon lesquelles des responsables de la Direction de la sûreté générale à Dohuk l’avaient torturée après son arrestation. Cette année encore, les tribunaux de la région du Kurdistan ont prononcé des condamnations à mort pour des infractions liées au terrorisme ; aucune exécution n’a eu lieu.
Escroquerie aux allocs
Un vaste réseau d'escroquerie aux allocations versées aux adultes handicapés a été démantelé par la Police de l'air et des frontières (PAF) de Toulouse et cinq personnes ont été mises en examen et écrouées, a-t-on appris jeudi auprès de la PAF. Depuis le début de la fraude il y a un an, le préjudice subi par les allocations familiales s'élève à environ 200.000 euros. Les allocations de 800 euros par mois qui étaient versées à trente "identités fictives" dans plusieurs départements du sud de la France ont été stoppées, a-t-on ajouté de même source. L'affaire a débuté en janvier par un banal contrôle à l'aéroport de Toulouse-Blagnac d'un couple âgé d'une trentaine d'années, de nationalité algérienne, en provenance d'Alger. Dans leurs bagages, les policiers ont été intrigués par des documents, liés à des prestations sociales, qui semblaient faux. L'enquête a montré que le couple convoyait d'Algérie vers la France des documents permettant de recevoir des allocations, essentiellement des aides versées aux adultes handicapés. Le couple devait ensuite remettre ces faux au chef du réseau. Le parquet de Toulouse a ouvert une information judiciaire pour "escroquerie en bande organisée", "faux et usage de faux", "obtention frauduleuse de prestations sociales" et "aide aux séjours irréguliers". Le couple a été mis en examen et placé en détention provisoire. Le chef présumé du réseau, rapidement identifié, est un Franco-Algérien d'une trentaine d'années se partageant entre l'Algérie et Marseille. Il est rentré "précipitamment" en Algérie après l'interpellation du couple de convoyeurs à Toulouse, selon la PAF. Lui et ses deux adjoints s'étaient attribués la moitié des 30 allocataires fictifs, soit un "revenu" global de 12.000 euros par mois, selon la PAF. Les 15 autres identités fictives avaient été revendues à des personnes qui vivaient de prestations sociales et étaient souvent en situation irrégulière. Le chef présumé du réseau est revenu en France le weekend dernier et a été interpellé lundi matin par la PAF dans le centre de Marseille avec ses deux complices, un ressortissant français et un Algérien. Des faux documents ont été saisis ainsi que 10.000 euros en liquide. Les trois hommes ont à leur tour été mis en examen à Toulouse avant d'être écroués.
Phobie aérienne
J'ai un peu hésité avant de rédiger ce billet, mais ceux qui partagent la même peur le trouveront peut-être utile. Il y a encore quelques années, je voyageais en avion en toute insouciance. Puis je me suis mis à angoisser quand est venu le moment de décoller. Au point que c'en est devenu un vrai problème : je faisais tout pour éviter d'avoir à prendre l'avion, quitte à choisir des itinéraires beaucoup plus longs en train ou en bus. Ce qui limitait pas mal les destinations. Il y a deux mois, ma femme m'a donc proposé de suivre un stage pour combattre ma phobie de l'avion. Mon stage s'est passé en plein coeur de Paris un dimanche. Nous étions 5 participants (avec une nette propension de femmes). Je croyais être phobique, mais à côté de certains, j'étais juste une flipette : une participante avait fait une crise de panique et avait dû être débarquée avant même le décollage ! La psychologue a commencé par nous rassurer, et nous a appris que nous étions loin d'être les seuls à être dans ce cas : 1 personne sur 5 dit être stressée à l'idée de prendre l'avion ! La première partie de ce stage a consisté à rééduquer notre cerveau. En discutant, nous avons reconnu des expériences communes : pleurer à chaque turbulence, massacrer les accoudoirs de son siège au moment du décollage, se retenir de hurler, etc. Ca m'a fait beaucoup de bien de pouvoir enfin en discuter avec des gens partageant la même peur (ma femme est compréhensive et rassurante, mais a du mal à comprendre cette peur ; normal, puisque cette dernière est irraisonnée... ce qui ne m'empêche pas d'avoir peur, bien entendu). Puis la psychologue nous a montré comment nous détendre en utilisant la respiration abdominale. L'après-midi, nous avons commencé la partie technique : améliorer nos connaissances sur le fonctionnement des avions. Un pilote de ligne professionnel nous a donc parlé de sécurité en aéronautique, puis nous avons pu le bombarder de questions (que se passe-t-il si un oiseau tombe dans le réacteur ? Est-il possible qu'une vitre se brise et que les passagers soient aspirés hors de l'appareil ?). Au bout de deux heures de discussions, nous sommes enfin passés à la troisième partie, la plus récréative : nous avons piloté un Boeing 737. Le simulateur de vol était la réplique exacte d'un cockpit de 737 : il était même si réaliste qu'une fois à l'intérieur, on avait du mal à faire la différence avec le réel. Un autre pilote nous a aidés à en prendre les commandes et nous a appris à faire face à des avaries de différentes sortes, histoire que nous prenions conscience de tous les dispositifs de sécurité à bord d'un appareil. Le stage s'est terminé par un débriefing où chaque participant a pu partager son ressenti. Depuis, j'ai pu reprendre l'avion avec plus de sérénité. Je n'irai pas jusqu'à dire que je ne ressens pas de l'angoisse au moment de l'embarquement, mais je sais maintenant comment la contrôler. Et je dois dire que ça fait beaucoup de bien. Je vous laisse le lien vers le site spécialiste de cette expérience de stage contre la peur de prendre l'avion.
Faire venir les investisseurs
Il s’agissait d’être «responsive». A l’Elysée, on répète à l’envi ce terme anglais, que l’on peut traduire par «réactif», pour vanter le lancement, ce jeudi, de la «plateforme Internet» Make Our Planet Great Again, du nom du désormais fameux slogan lancé par Emmanuel Macron le 1er juin, deux heures à peine après la décision de Donald Trump de faire sortir les Etats-Unis de l’accord de Paris sur le climat. Le président français avait alors réitéré son appel (déjà formulé lors de sa campagne) aux scientifiques, ingénieurs, entrepreneurs et citoyens «déçus par la décision du président des Etats-Unis» à rejoindre la France pour «travailler ici avec nous, ensemble, à des solutions concrètes pour notre climat et notre environnement». Dans la langue de Shakespeare, of course. Huit jours après, le site web, déjà mis en ligne, se veut la «concrétisation» de cette annonce. Pour l’instant uniquement en anglais (il sera étoffé et traduit en français dans les prochains jours), celui-ci reprend la charte graphique et visuelle tout en dégradé de bleu et de vert utilisée dans le – très successful, puisque déjà retweeté 240 000 fois – tweet présidentiel du 1er juin. «Epuré, simple, entièrement responsive», le site vise officiellement à «faciliter la mobilisation pour la protection de notre planète de celles et ceux qui souhaitent s’investir dans des projets, poursuivre des recherches, entreprendre, rechercher des financements ou s’installer en France». Plusieurs ministères se sont associés pour développer l’outil (Transition écologique et solidaire, Europe et Affaires étrangères, Economie, Enseignement supérieur, recherche et innovation), porté par Business France, l’Agence nationale chargée du développement des exportations et des investissements nationaux en France. Concrètement, chaque «citoyen responsable» du monde qui clique sur la page d'accueil peut d’abord, s’il le souhaite, revoir le «manifeste» vidéo présidentiel. Ensuite, le chercheur, entrepreneur, membre d’ONG ou étudiant est invité à «s’engager dans un tunnel de qualification» (sic). Comprenez : cliquer sur une série de pages, pour identifier son pays d’origine, expliquer pourquoi on souhaite s’engager dans la lutte contre le changement climatique, ce sur quoi on travaille, quel est notre «rêve». Suit alors un petit topo sur l’attractivité de la France, «votre nouvelle patrie», riche de prix Nobel, de médailles Fields, d’universités prestigieuses et d’un «écosystème de start-up effervescent», et voilà le postulant dirigé vers des «opportunités business», des conseils pour financer son projet, pour s’installer, ou encore des contacts utiles (sites web, adresses email et numéros de téléphone). Ceux qui ont des questions peuvent remplir un formulaire en ligne et se voient promettre une réponse sous trois jours ouvrables. L’idée étant d’être «le plus responsive possible [si, si, encore !], avec une vraie expérience client». Le ton est donné : bienvenue dans la «start-up nation». A l’Elysée, on jure que le site «sera beaucoup plus qu’un simple annuaire» masquant une jolie opération de communication, qu’il s’agira pour les postulants étrangers d’avoir «accès à une information privilégiée et un point de contact direct, permettant d’accélérer leur installation». Quant à savoir si le nouveau leadership français affiché sera accompagné de ressources budgétaires supplémentaires pour permettre réellement d’offrir des postes aux chercheurs (alors que ceux-ci sont déjà rarissimes et âprement disputés) et de les payer, on botte en touche. «Nous réfléchissons à des techniques de cofinancements», répond un conseiller. «Le but est d’enclencher un mouvement. Travailler sur la rénovation énergétique des bâtiments ou le développement des énergies renouvelables – y compris sur le volet stockage –, ce sont aussi des opportunités business, d’où l’intérêt d’attirer des entrepreneurs», ajoute un autre. On le comprend, en creux : plus que de nouveaux fonds publics accordés au CNRS, il s’agira surtout de recourir aux financements privés.
La bétise du nini
Au soir du 23 avril, pas une voix ne s'est élevée pour s'étonner de la qualification de la présidente du Front national. Le précédent de 2002 avait été "un séisme", et la mobilisation générale avait empli les rues, notamment le 1er mai, pour soutenir Chirac, ultime rempart face à l'extrême droite. Quinze ans plus tard, amollissement généralisé. De ce point de vue, on peut dire que Marine Le Pen a réussi la "dédiabolisation" du parti de son père. Celui-ci, dont les manifestations se déroulaient sous l'effigie du maréchal Pétain, exhalait encore au moment de la passation des pouvoirs du père à la fille, des remugles racistes, antisémites, négationnistes, qui rendaient le FN haïssable au regard de la grande majorité des Français. Avec ténacité, Marine Le Pen, au prix d'une brouille avec son père, a imprimé à son parti un tour de respectabilité et travaillé à sa banalisation qui triomphe aujourd'hui. Lessivé, décapé, ripoliné, débarrassé publiquement des oripeaux paternels, le FN a-t-il pour autant changé de ligne? La différence la plus sensible entre père et fille est que l'ancien député poujadiste n'avait nullement le projet de prendre le pouvoir, ce qui l'autorisait à tous les dérapages et à toutes les provocations, alors que la fille, elle, a mis en place une stratégie de conquête qui n'a jamais été aussi près de réussir qu'en cette année 2017. Sur le fond, le national-populisme reste lui-même, et la présence en sa direction d'un certain nombre d'ultras, tenus provisoirement à la discrétion, laisse des doutes sur la métamorphose. Nous avons affaire à un nationalisme fermé, xénophobe, protectionniste, anti-islam, anti-européen, dont l'axe programmatique est avant tout le rejet de l'immigration, à l'instar de tous les autres populismes en Europe. L'immigration étant l'explication de tous les maux dont souffre la société française, à commencer par le chômage et l'insécurité, Marine Le Pen use de toutes les démagogies à l'adresse des classes populaires trahies par les "élites". Son père déclarait en mars 2011 qu'elle avait le même programme que lui: "Il n'y a pas eu de modifications sensibles. Marine valorise ou met en scène certains aspects plutôt que d'autres en fonction de la conjoncture. Compte tenu de l'aggravation de la situation sociale, elle privilégie les aspects sociaux du programme." Voilà désormais le bon terreau, celui de la désespérance. On ne vote pas FN en général pour des idées, mais pour traduire sa douleur matérielle et morale dans une société en proie au chômage de masse et à la précarité. Marine Le Pen n'apporte à ces maux aucune solution crédible, elle peut même préparer le désastre économique, mais elle assume, tant qu'elle est dans l'opposition, la fonction tribunicienne qui était celle, jadis, du parti communiste. L'opportunisme de ses variations de programme ne doit pas cacher l'histoire de ce parti et la nature de son idéologie. Comment les diverses familles politiques ont-elles réagi au premier tour? Avec dignité, François Fillon, le plus grand vaincu du jour, a immédiatement engagé ses électeurs à voter Emmanuel Macron. Ce fut aussi le cas de Benoît Hamon, qui sut expliquer la différence entre "adversaire" et "ennemi": "Les sommets de la politique, écrivait Carl Schmidt, sont les moments où il y a perception nette et concrète de l'ennemi en tant que tel." Nicolas Dupont-Aignan, soi-disant gaulliste, s'est rallié, lui, toute honte bue, à Le Pen. Rêvant de sortir enfin de son insignifiance, il reçoit la promesse de sa vie: le poste de Premier ministre en cas de victoire du Front national, un rêve! Plus surprenante est l'attitude de Jean-Luc Mélenchon, assombri, se refusant à toute consigne de vote. Lui, l'homme de gauche, aurait-il oublié la tradition de "discipline républicaine", inaugurée en 1885, au début de la IIIe République: une règle de désistement en faveur du candidat le mieux placé pour vaincre l'extrême droite, jadis monarchiste, boulangiste, ligueuse, nationaliste, aujourd'hui populiste? S'arrachant quelques jours plus tard à son dépit, le tribun de la "France insoumise" a bien voulu dissuader les siens de voter pour le Front national, mais en laissant ouverte la voie de l'abstention ou du vote blanc. À ces "ni-nistes" qui refusent de choisir entre le social-libéral et la réactionnaire, faut-il rappeler les mots de Jaurès: "Ah oui! La société d'aujourd'hui est divisée entre capitalistes et prolétaires, mais, en même temps, elle est menacée par le retour offensif de toutes les forces du passé [...], et c'est le devoir des socialistes, quand la liberté républicaine est en jeu, quand la liberté de conscience est menacée, quand les vieux préjugés qui ressuscitent les haines de races et les atroces querelles religieuses des siècles passés paraissent renaître, c'est le devoir du prolétariat socialiste de marcher avec celle des fractions bourgeoises qui ne veut pas revenir en arrière."
Un baptême en avion militaire
Dernièrement, j'ai fait quelque chose dont je rêvais depuis un moment : j'ai embarqué à bord d'un avion de chasse pour y faire l'expérience des G. Ca s'est passé à Pontoise et c'était franchement prodigieux. Je m'étais énormément préparé aux sensations que je pourrais ressentir en vol. Après tout, j'avais potassé la question. Je savais d'avance ce qui m'attendait là-haut. Mais en fait, il y a une grosse différence entre la théorie et vivre les choses. Cela peut sembler notoire, mais c'est toutefois une réalité que nous choisissons de occulter. Nous passons désormais tant de temps rivés sur nos écrans que nous en délaissons tout à fait le réel. Nous sommes à ce point obnubilés par notre vie virtuelle que, quand nous vivons une aventure, nous ne le vivons plus pour elle seul : notre premier désir est de le partager sur Facebook. Nous approchons un artiste ? Notre premier réflexe est de faire un selfie à deux mis en ligne. Une assiette appétissante ? Un food porn partagée. Nous n'évoluons plus dans l'instant : nous sommes dans l'instant d'après, celui où les amis vont complimenter et commenter ce moment de vie. Je suis convaincu qu'au fond, nous marchons tous des drogués demandant leur dose de reconnaissance virtuelle. Ce qui est le plus affligeant, en fait, c'est que tout ce temps que nous accordons à cette vie d'octets, c'est autant de temps que nous passons à ne pas vivre nos vies. Les bienfaits de l'autisme d'aujourd'hui. On vit effectivement dire que nous vivons une époque de dingues, car plus personne n'est vraiment seul dans sa tête. Sinon, si vous avez un jour la possibilité de tenter le vol en avion de chasse. Si souhaitez en savoir plus sur ce vol en avion de chasse, je vous mets en lien le site où j'ai déniché ce vol, si vous habitez dans les environs de Pontoise.Retrouvez plus de renseignements sur l'organisateur de baptême de l'air en L-39.
La Syrie est devenue une vaste « salle de torture »
« Aujourd’hui, d’une certaine façon, la totalité de ce pays est devenue une salle de torture, un lieu d’horreur et d’injustice absolue », a-t-il dit devant le Conseil des droits de l’homme des Nations unies. « Il faut que les responsables rendent des comptes, que l’on établisse la vérité et que l’on verse des dédommagements, pour que le peuple syrien puisse un jour parvenir à la réconciliation et à la paix. Cela ne peut être négociable », a-t-il dit devant le conseil, à Genève, à l’ouverture d’une séance consacrée à la Syrie. Zeïd a appelé les belligérants à cesser de pratiquer la torture et à libérer les détenus, ou au moins à fournir des informations essentielles aux familles. La délégation du régime syrien n’a pas participé à la réunion du Conseil des droits de l’homme à Genève mais a démenti tout recours systématique à la torture. L’émissaire de la Russie, principal allié de Damas, a estimé que cette réunion n’était rien moins que la « perte d’un temps précieux ». A en croire Fadel Abdoul Ghani, directeur de l’ONG Réseau syrien des droits de l’homme, 87% des personnes détenues en Syrie sont incarcérées dans les prisons du régime. « Le régime surpasse tous les autres, avec près de 92.000 personnes incarcérées dans ses centres de détention », dit Abdoul Ghani, d’après qui beaucoup d’entre elles subissent « d’horribles actes de torture ». Selon un nouveau bilan de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), la guerre civile qui a commencé en 2011 a fait environ 465.000 morts et disparus en Syrie.
Madrid à l’heure américaine
Que se passe-t-il donc chez nos hommes politiques ? Depuis peu, ils ont en effet quelque chose de différent. Ce n'est pas là l'effet habituel que font les élections présidentielles : il semble qu'une nouvelle drogue soit en distribution dans leur milieu. Il y a quelques jours, je me suis rendu à Madrid pour assister à un meeting et j'ai débattu de cette question avec quelques participants. Et nous avons cherché à comprendre d'où venait ce changement de discours et d'attitude que l'on observait chez certains politiques. Et il n'y a pas eu à chercher bien loin : cette nouvelle drogue s'appelle Trump, et elle débarque en ligne droite des Etats-Unis. Trump a littéralement intoxiqué le milieu politique par ses pratiques et sa manière de penser. Vous ne me croyez pas ? Pourtant, avant le psychédélique Trump, jamais un homme politique français n'aurait eu le culot d'affirmer qu'il retirerait sa candidature s'il était mis en examen... pour rejeter cette parole quelques jours plus tard ! Et, encore mieux, d'accuser la justice de complotisme, histoire de pouvoir se présenter en victime si jamais il était reconnu coupable ! Fillon s'est libéré de tout besoin de faire face à ses actes et aux réalités. Et ce n'est pas si illogique qu'il y paraît, en fin de compte : quand on voit que le leader américain peut faire fi à ce point de la vérité, et que cela a en plus fonctionné pour lui, cela donne forcément des idées, cela pousse à adopter sa stratégie apparemment démentielle mais ô combien efficace. Et Fillon a pleinement adopté cette vision populiste. Une instruction risque de l'entraver ? Et hop, c'est une machination. Un chiffre le dérange ? Et hop, c'est une invention politico-médiatique, un coup monté contre sa candidature anti-système (un anti-système qui fut un ancien premier ministre : le bel oxymore que voilà !). Et il est étrange de voir que tandis qu'il a déjà menti tant de fois depuis le début du Penelope Gate, certains pensent sérieusement qu'il appliquera son programme. D'autant plus que ses concurrents de la primaire jugeaient ledit programme irréaliste et bassement populiste ! Mais tant que ça marche auprès des électeurs, pourquoi s'en priver ? Soit dit en passant, ce meeting m'a conquis : j'avais rarement assisté à un événement aussi carré de bout en bout. Voilà l'agence qui l'a planifié, si vous souhaitez avoir un aperçu du programme de ce séminaire à Madrid.